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A toi, ma
petite fille, je conterai l’Histoire
D’une créature si fière si vive si
vaillante Que des siècles innombrables ont forgé sa
mémoire Et dans son regard d’ambre hissé la torche
ardente.
Elle fut la force de l’homme et son amour étrange
Porta
ses pas si loin et son rêve si près
Qu’on lui donna un nom
façonné par les anges
Et doux comme un loukoum et tendre comme
l’olivier.
Elle fut l’altière Didon, la forte, la
sibylline,
Créa la blanche Carthage d’une simple ruse
divine, Passa le bleu flambeau aux mains de Sophonisbe Princesse
haïe de Rome , trophée d’un roi numide.
Là-bas sur les
grandes plaines au galop du destin Voici la Kahéna , la grande
devineresse
Cheveux flottants au vent et âme pleine
d’allégresse, Prête à défendre sa terre au prix d’un cœur
d’airain Et voici toutes ces femmes surgies du fond des
âges, Ces mères et ces filles debout près des rivages
, Contemplant en silence le départ des aimés Sur l’océan
des jours qu’elles ont-elles-mêmes tissés.
Et voici ces
visages burinés de labeur
Ouvrières, paysannes, toutes remplies
d’ardeur
Egrenant sans arrêt au chapelet des heures
L’espoir
mélancolique d’un utopique bonheur.
Là-bas à l’hôpital où
sévissent les souffrances
Des femmes dévouées jugulent les
douleurs,
Infirmières et docteurs portés par
l’espérance
Dispensent l’oxygène d’un cœur plein de
ferveur .
Non loin d’elles, leurs sœurs, dans les classes
champêtres Apprennent aux doux esprits à déchiffrer la
vie, Leçons de vrai courage où la science des grands
maîtres Offre à l’intelligence l’aliment de survie.
Ainsi
se sont forgées au métal d’endurance
Les assoiffées d’amour
, de savoir et d’ultime perfection.
Avocates de renom et
brodeuses d’éloquence,
Vos discours brisent les chaînes de la
sombre oppression..
Et vous talentueuses artistes dont la parole
monte Comme ces vagues immenses du fond de l’océan Au grand
théâtre du monde, votre personnage dompte Les interdits sauvages
et les instincts déments, Et vous auteures fécondes et pures
poétesses Peintres au blond pinceau teinté de féerie, Vos
œuvres défient l’azur, cheminent dans la liesse Et vers les
tendres étoiles élèvent leur symphonie..
A toi ma petite fille
je dirai la victoire, l’incroyable courage De ces femmes indomptables, éprises de liberté, Défiant les tabous sombres
les tourments, les orages
Et la haine toute nouvelle sous leur pas
édifiée.
A ces êtres de valeur, il faut rendre hommage
Saluer
leur belle âme et leur grande dignité
Nobles filles d’une
terre que les anges ont nommée Tunisie de Lumière, Tunisie
bien-aimée .
Mélika Golcem Ben Redjeb
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